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C’est une question légitime : peut-on prévoir l’enneigement d’une station de ski au moment de ses vacances à la montagne en hiver?

Ici, pas question d’avoir la boule de cristal ou de faire des prévisions météorologiques hasardeuses. Les aléas météorologiques sont nombreux et le réchauffement généralement observé réduit malheureusement le nombre de chutes de neige et les jours d’enneigement dans les stations de ski des Alpes.

Cependant, il y a quelques petites règles naturelles que l’on peut utiliser pour faire le bon choix. Mais ne perdez pas de vue que les villages de montagne et les stations de ski offrent une multitude d’activités (et même de plus en plus) même lorsque l’enneigement est faible. De plus, sur les domaines skiables vous retrouverez toujours de la neige de culture en saison, donc pas de craintes : quelle que soit le destination de vos vacances dans les Alpes, vous passerez un bon moment.

L‘enneigement des stations de ski est influencé par le climat alpin général

Deux mots sur le climat des Alpes françaises avant de comprendre comment vous servir de cette information pour bien choisir votre destination de vacances aux sports d’hiver.

En Europe, il y a trois influences de masses d’air.

La masse d’air Atlantique, et notamment ce flux de Nord-Ouest qui nous ramène la pluie et le ciel gris dans les plaines au nord de la Loire tout au long de l’hiver et qui va taper sur la partie Ouest des Alpes (Haute-Savoie, Savoie, Isère) en laissant tomber les précieux flocons, mais qui a du mal à rentrer à l’intérieur des massifs, vers la Maurienne ou les Hautes Alpes. Retenez cette info, elle va vous servir à comprendre les problématiques d’enneigement des stations de ski.

Le flux peut aussi venir du Sud-Ouest : plus doux et moins neigeux il frappe les mêmes régions en priorité, mais dans une chronologie inversée : d’abord l’Isère, enfin le Mont Blanc. Les massifs intérieurs restent aussi, relativement épargnés.

La masse d’air froide plus continentale provenant du Nord et du Nord Est, en provenance de Finlande ou de Russie, qui va taper sur le Nord et le Nord Est de la barrière alpine (Autriche, Bavière, Slovénie). Celle-ci ne nous touche pas directement dans les Alpes, sauf parfois sur la Haute-Savoie et le nord de la Savoie, mais son influence se fait apprécier lorsqu’elle alimente la masse d’air générée sur la Méditerranée.

Et enfin, nous venons de les citer, les masses d’air générées sur la Méditerranée qui remontent par l’Italie, et qui vont taper sur les versants méridionaux, donc Italiens des Alpes et déborderont sur les zones frontalières (on les appelle souvent les retours d’Est en France). Ils apportent d‘abondantes chutes de neiges sur les zones frontalières des Alpes.

En plus de ces trois grands courants dominants qui vont déterminer le climat, et donc la végétation et le type d’habitat, il y a aussi quelques microclimats notables liés à la position de certaines vallées intérieures au massif et par conséquent très protégées de ces grands flux. Vous vous souvenez quand je vous ai demandé de retenir l’info ? Le climat de ces vallées se caractérise par un temps plus sec que dans le reste des Alpes, très froid en hiver et très lumineux. C’est le cas de la Haute-Tarentaise entre La Rosière et Val d’Isère, de la Haute-Maurienne ou du Queyras en France, par exemple.

Dernier phénomène à prendre en considération : le vent local.

Le Foehn, un vent local qui perturbe l’enneigement des stations de ski

Tous ceux d’entre vous qui ont déjà passé une semaine de vacances au ski savent que le vent en altitude peut être très violent, surtout à l’approche d’une perturbation. Ce sont les tempêtes qui vont figer la nature dans une gangue de neige et de givre.

Mais ce n’est pas ce vent-là qui nous intéresse. Ce qui nous intéresse c’est le phénomène du Foehn.

Très schématiquement, et pour simplifier au maximum, imaginez une barrière montagneuse (les Alpes en sont un excellent exemple).

Le courant de la masse d’air en approche génère le vent qui va taper sur la montagne sur le versant dit très justement « au vent ».

Des nuages vont s’accrocher au sommet, le ciel est sombre. Il pleut ou il neige sur ce versant, parfois abondamment.

Mais lorsque cet air franchit la crête et poursuit son chemin au-delà de cette montagne, il va redescendre dans la vallée sur le versant opposé, dit « sous le vent » en accélérant sa course mais surtout en se réchauffant par compression et en s’asséchant.

Le vent va se transformer en un courant beaucoup plus chaud et sec comme un sèche-cheveux. Ce phénomène de vent s’appelle effet de Foehn, du nom du vent soufflant dans le Tyrol. Appelé aussi mange-neige il va garantir un temps ensoleillé, plus doux quoique venteux et très lumineux, mais la hausse sensible de la température va faire fondre la neige très rapidement.

Pour qu’il y ait le Foehn, il faut de hautes barrières de montagne, et des vallées profondes sur au moins un des deux versants.

Pour résumer, par temps de Foehn, les crêtes sont bouchées et tempêtueuses, le versant au vent est couvert et bien arrosé, le versant sous le vent est venteux et très ensoleillé.

C’est pour cela que c’est un vent souvent « frontalier ». En France, la haute vallée de la Maurienne, et surtout la Haute Tarentaise de Val d’Isère à Bourg Saint Maurice, ainsi que la vallée de Chamonix sont fréquemment touchées par des phénomènes de Foehn (qu’on appelle vent de chute aussi, puisqu’il dévale les montagnes).

En résumé, le climat, à travers sa composante de circulation des masses d’air va influencer à la fois le paysage et la météo de tes vacances !

L’enneigement des domaines skiables est influencé par l’altitude

Vous l’avez donc compris : pour espérer avoir des chutes de neige, il vaut mieux aller dans les Alpes du Nord, moins protégées des flux perturbés.

Oui, mais…

Ceci était vrai dans les années 80, jusqu’au début des années 2000. Depuis, le climat change rapidement. Il ne vous aura pas échappé que la planète se réchauffe et que nos montagnes aussi. La conséquence de cette remontée progressive des températures est la remontée de la limite pluie-neige, c’est-à-dire l’altitude à laquelle la neige tombe et surtout l’altitude à laquelle la neige tient sur des sols gelés, l’isotherme zéro degrés.

Ce sont ces deux paramètres que vous allez entendre si vous appelez le bulletin météo de Météo France ( en appelant le 3250), ou en lisant les bulletins météo locaux, celui de Météo Alpes, gratuit, est très performant, mais limité aux Alpes du Nord.

Petit à petit, la limite pluie neige remonte lorsque les perturbations arrivent de l’océan. Là où à la fin du XXème siècle on avait souvent des chutes de neige entre 800 et 1000 mètres d’altitude, aujourd’hui on entend plus souvent que cette limite se situe autour de 1200 mètres. En dessous… il pleut !

L’isotherme zero degrés aussi s’établit à des altitudes élevées, même au cœur de l’hiver. Il n’est pas rare d’avoir des températures positives jusqu’à 1800 ou 2000 mètres, là où il y a trois ou quatre décennies l’hiver était un congélateur pendant quatre ou cinq mois…

En revanche, par temps sec et bien dégagé, on tombe encore à -10 degrés dans les fonds de vallée vers 1000 mètres d’altitude, et jusqu’à -20 degrés du côté de la Haute Maurienne à cause de l’écoulement de l’air froid, plus dense, le long des pentes de montagne.

D’où le paradoxe de certains paysages en plein hiver : des pentes au sud (les adrets) ensoleillées et sans neige, jusqu’à haute altitude, parfois parcourues d’une piste de neige artificielle, et un village dans la vallée, dans l’ombre avec les toits recouverts de neige. Val Cenis est un bon exemple de ce type de temps vers le mois de janvier.

Adret sans neige aux Deux Alpes

Adret en Oisans

Mais que l’adret (le versant au sud) soit sans neige n’est pas une nouveauté : les anciens le savaient déjà. C’est là que vous retrouverez en général les petits hameaux traditionnels, les fermes d’alpage, et les routes carrossables. Lorsque vous êtes à La Plagne ou aux Arcs, dans un secteur recouvert de deux mètres de neige en surplomb de la vallée de l’Isère, très souvent vous observerez qu’en face, à la même altitude (2000 mètres) il n’y a plus de neige. Elle tombe et fond au soleil rapidement.

Les stations de ski modernes ont établi leurs domaines skiables sur les versants nord des montagnes (les ubacs) de façon à conserver la neige le plus longtemps possible, et très souvent à des altitudes dépassant largement les 2500 mètres. Ce qui assure à la fois un bon enneigement et une longue saison de ski malgré l’enneigement.

Alors comment choisir sa station de ski en fonction de l’enneigement probable?

Si vous êtes un skieur débutant, vois allez surtout pratiquer le ski autour de la station en bas des pistes (les enfants en bas âges aussi), à part les quelques exceptions des stations qui ont des domaines pour les débutants en altitude (Val d’Isère, La Clusaz, …).

Dans ce cas privilégie les stations qui sont à des altitudes élevées au-dessus de 1500 mètres, avec des pistes sur des versants ensoleillés. Ce sera plus agréable d’y passer la journée, et la neige sera moins dure et moins gelée que si vous skiiez à l’ombre.

Si vous pratiquez le ski de fond, choisissez une station qui a des pistes dans les forêts. La neige y est de meilleure qualité car moins soumise à la fonte au soleil et au regel de la nuit.

Si vous êtes un skieur confirmé, vous pouvez partir de n’importe quelle altitude, mais il est important de regarder la taille et l’altitude moyenne du domaine. Par exemple, La Clusaz se trouve à 1000 mètres, mais vous allez skier une grande partie de la journée au-delà de 2000 mètres, ce qui est super. A Samoëns, le village est à 700 mètres, mais le domaine du Grand Massif se trouve bien au-dessus des 2000 mètres d’altitude, excellent. En revanche, aux Gets, la station est à 1100 mètres d’altitude mais la plus haute piste n’excède pas 1800 mètres, donc l’enneigement peut être risqué en début ou en fin de saison.

Les Alpes du Sud, ont un climat à part, plus sec, plus ensoleillé, plus froid la nuit, plus doux le jour. La neige se transforme rapidement en journée. C’est ce qui explique que la plupart des stations se trouvent en altitude. Les plus enneigées sont celles qui bénéficient des retours d’Est : Montgenèvre, le Queyras, Vars, Isola 2000 et Auron, par exemple. Serre Chevalier manque parfois de neige en fond de vallée et pour les retours en station qui sont parfois gelés, mais sur le haut du domaine l’enneigement est parfait.

AlpAddict à Val Thorens
Val Thorens, la station la plus haute d’Europe

L’enneigement selon vos dates de vacances au ski

L’enneigement des stations de ski à Noël, en février et à Pâques

Un autre facteur important à prendre en considération est la partie de saison à laquelle tu vas aller skier : est-ce à Noël, est-ce pendant les vacances d’hiver en Février et Mars, ou est-ce au Printemps, en Avril ?

Tout ce qui vient d’être décrit vaut pour les vacances d’hiver, entre la mi-janvier et la mi-mars.

Pour avoir de la neige en début et fin de saison, il vaut mieux privilégier les stations de ski en altitude.

A Noël, les villages traditionnels, les chalets et la petite église sont plus mignons, mais s’il est vrai qu’en général on arrive à la saison des fêtes avec deux ou trois bonnes chutes de neige entre novembre et décembre, il y aussi ce phénomène de redoux de Noël qui est de plus en plus long et de plus en plus intense.

Bien sûr, il n’existe pas de boule de cristal et on ne peut pas prévoir le temps pour Noël prochain, mais vous avez deux choix :

  • le charme du petit village avec ou sans neige (tout en pouvant skier sur le domaine qui se trouve en altitude)
  • ou jouer la carte de meilleure chance d’avoir de la neige dans une station vers 2000 mètres d’altitude.

De toute façon, s’il n’y en a pas là-haut, il n’y en a pas en bas non plus.

Alpes du Nord ou Alpes du Sud ? Très difficile à dire. Certaines années, il y a davantage de neige à Noêl dans les Alpes provençales que dans les Alpes savoyardes. C’est un coup de poker.

Néanmoins vous maximises vos chances d’avoir de la neige à Noël si vous allez du côté d’Avoriaz, de Flaine, des Saisies, de la Haute Tarentaise (La Plagne, Les Arcs, La Rosière, Val d’Isère et Tignes), en Haute Maurienne (Bonneval, Bessans), dans les Trois Vallées, surtout à Val Thorens, Meribel Mottaret et Courchevel 1850, à l’Alpe d’Huez, à Montgenèvre, à Vars et à Isola 2000.

Statistiquement ce sont des stations qui sont blanches à Noël. Si celles-ci ne le sont pas, alors, les autres probablement ne le seront pas non plus.

Et la neige dans les stations de ski en avril ?

Le printemps est de plus en plus précoce, et le soleil darde la neige de ses rayons de plus en plus forts. Si la saison a été bien enneigée, il reste en général une neige abondante au-dessus de 1500 mètres.

Les villages dans les vallées vers 1000 mètres sont déjà en mode « fin de saison », mais en altitude on skie très bien et la neige est de très bonne qualité !

Attention aux coups de soleil, surtout dans les Alpes du Sud, du côté de la Forêt Blanche, de Montgenèvre et de Serre Chevalier.

La plupart des stations ferment à la fin du mois d’avril ou au début du mois de mai, mais si vous êtes débutant, cette saison est déconseillée. La neige est souvent dure le matin et très molle à partir de midi. On peut se faire mal si on ne sait pas bien skier.

Toutes les stations qui ont des domaines qui titillent avec les 3000 mètres, ou les dépassent sont extraordinaires à cette période de faible fréquentation.

Les 2 Alpes deviennent un paradis, avec le sommet des pistes à plus de 3500 mètres d’altitude qui en fait la station la plus haute de France. Mais également les 3 Vallées, avec Val Thorens qui croule encore sous un mètre de neige au moins, début mai ; et toute la Haute Tarentaise. Sans oublier Tignes et ses espaces encore bien immaculés.

Pour du ski de fin de saison, le conseil est plutôt de s’orienter vers les stations d’altitude en Savoie et en Oisans. Ailleurs la neige est de moins bonne qualité mais plusieurs autres sites sont parfaitement skiables comme Flaine et Avoriaz, la Vallée de Chamonix, l’Alpe d’Huez, Risoul 1850 et Vars, Montgenèvre.

En conclusion, vous pouvez retenir que plus vous prenez de l’altitude et plus vous avez des chances de voir de la neige en sortant de votre hébergement. Mais dans tous les cas, les services techniques des domaines skiables font un travail remarquable pour vous assurer l’ouverture de l’ensemble du domaine skiable tout au long de la saison.

Quelle station de ski choisir pour voir des toits blancs couverts de neige ?

Voici une dernière petite note pour les fétichistes des toits blancs.

Oui, ça existe et ils aiment aller aux sports d’hiver dans des sites où ils peuvent voir des chalets recouverts d’une très épaisse couche de neige.

Evidemment au sommet d’une tour de quinze étages c’est moins intéressant…

Voici donc pour vous, les fétichistes, les stations qui en général vous offrent cette chance : Avoriaz, et ses chalets féériques, Le Praz de Lys, Le Tour (au fond de la vallée de Chamonix), Les Contamines Montjoie, Le Chinaillon près du Grand Bornand, Les Confins, près de la Clusaz, Les Saisies, La Rosière, Val d’Isère, Belle Plagne, Courchevel 1850, Méribel Mottaret, Val Thorens (obligé de la mentionner, même si il y a beaucoup d’immeubles), Valmorel, Bessans, Bonneval sur Arc (très célèbre pour cela), Montgenèvre, Vars, et les stations du Queyras comme Ceillac, Abriès…

Il y en a plusieurs autres et notamment tous les villages traditionnels qui reçoivent de bonnes chutes de neige. Le mieux c’est de regarder des photos des lieux et voir si l’architecture locale est harmonieuse et reflète vos goûts !

Chinaillon sous la neige

Chinaillon

Quelle station choisir pour se retrouver dans une ambiance polaire, toute blanche de neige ?

Vous adorez les ambiances polaires ? Tout blanc, tout glacé ?

Tignes, Val Thorens, La Plagne (Aime 2000 et Belle Plagne surtout), L’Alpe d’Huez.

Les températures les plus froides ? En Ubaye, en Haute Maurienne, dans les Hautes Vallées du Briançonnais !

Dans ces stations, il fait froid, la neige tient bien au sol, la glace aussi ! Alors prudence quand vous sortez. Vous pouvez utiliser de petits crampons à fixer facilement sur vos après-ski.

Le phénomène le plus extraordinaire après un séjour dans un tel environnement, blanc et lumineux même par mauvais temps, c’est qu’à votre retour tout vous semblera gris et sombre…

Et oui, la magie de la montagne opère… celle qui vous donne envie de revenir chaque année !

Pour en savoir plus sur comment choisir votre station de ski en fonction de vos critères vous pouvez télécharger ce petit guide complet !

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