Cinq idées de balades faciles au cœur des Bauges

Le massif des Bauges est enserré entre le lac d’Annecy, le lac du Bourget et la vallée de l’Isère. Ses sommets à plus de 2000 mètres d’altitude jouent le rôle des tours d’observation d’une forteresse presque imprenable. A part un passage par des gorges étroites du côté d’Aix-les-Bains, les autres passages impliquent tous la traversée d’un col à moyenne altitude autour de 1000 mètres d’altitude. Quelques villages s’étendent le long des vallées étroites et boisées du massif. Contrefort préalpin mais aux aspects déjà bien alpins. Les Bauges sont saisissantes par leur climat rude et par une population habituée au long isolement d’antan. C’est pour cela que le massif des Bauges, aujourd’hui en grande partie protégé par le Parc Naturel Régional du même nom est apprécié par de nombreux nouveau habitants néoruraux venus retrouver un style de vie simple et décalé par rapport aux rythmes rapides de notre société. Dans cet article, AlpAddict vous emmène découvrir de beaux paysages au cœur du massif des Bauges à travers une première série de balades faciles accessibles en famille depuis Chambéry, Aix-les-Bains, Annecy et Albertville.

Les balcons des Bauges vers la vallée de l’Isère et les massifs de Belledonne et de Chartreuse
Les balcons des Bauges vers le lac du Bourget
La pointe de la Galoppaz
Le Vallon de Bellevaux
Les crêtes du Semnoz

Les balcons des Bauges vers la vallée de l’Isère et les massifs de Belledonne et de Chartreuse.

Le point de départ de la randonnée se situe au bord du charmant petit lac de La Thuile à 880 mètres d’altitude dans un joli vallon sur au sein du premier repli du massif entre la cluse de Chambéry et la bordure sud-ouest des Bauges. C’est un paysage vallonné et boisé qui entoure le visiteur. Le petit village de La Thuile semble perdu dans une vallée très reculée au cœur d’un massif sauvage, alors que juste derrière la ligne de crête on retrouve les autoroutes, les voies ferrées et la vie trépidante du bassin Chambérien. C’est pourtant le silence qui accueille ici le randonneur.

Quels paysages voit-on depuis les Bauges ? — Les crêtes du massif de Belledonne depuis les Bauges

En partant du village et en longeant la bordure orientale du petit lac on traverse un dernier petit hameau, au sud de celui-ci avant d’entamer une montée continue par une pente abordable jusqu’au col du Mont à 1015 mètres d’altitude. Après un long parcours en sous-bois le paysage se dégage enfin. On aperçoit les sommets qui entourent la vallée de La Thuile vers le nord, mais surtout, on surplombe la vallée de l’Isère au-dessus de la Combe de Savoie, presque en surplomb de la petite ville historique de Montmélian. En face, la partie la plus septentrionale du massif de Belledonne dévoile ses pentes imposantes recouvertes de neige jusqu’au milieu du mois de juin. Les Grands Moulins, à près de 2500 mètres, le Pic du Frêne à 2800 mètres et le Pic Gris à 2900 mètres forment une barrière imposante au-dessus de la vallée de la Breda. Un peu plus bas, on observe les pistes de ski de la station du Collet d’Allevard, située en position très panoramique. Le regard fuit ensuite au-dessus des brumes du Grésivaudan – cette portion de la vallée de l’Isère comprise entre Grenoble et Pontcharra- en alignant tous les sommets du massif de Belledonne jusqu’au Grand Pic de Belledonne. La table d’orientation du très aérien Rocher de Manettaz permet de repérer tous ces sommets iconiques.

Pour profiter du paysage un peu plus à l’Est, vers le massif de la Lauzière, le Grand Arc et le sommet du Mont Blanc, il vaut mieux poursuivre la randonnée le long du talus herbeux qui monte sur la droite du chemin, en direction de la Roche du Guet, à 1209 mètres d’altitude. En prenant de l’altitude, la vue se dégage vers l’Est et l’Ouest. Le massif de la Chartreuse apparait aussi dans toute sa longueur au-dessus de la vallée de l’Isère.

C’est d’ailleurs le même type de paysage vaste et dégagé qui accompagne le randonneur le long du sentier de crête passant par le Tarpin, le sommet de la Savoyarde (montagne emblématique aux contours plissés visibles depuis l’autoroute entre Grenoble et Chambéry et marquant l’entrée en Savoie, jusqu’au Roc de Tormery (1135m) du sommet duquel on apprécie la vue sur le bassin Chambérien également.

A ce stade, et selon les capacités physiques de chacun, on peut envisager un retour direct vers le lac de La Thuile ou une poursuite à travers la forêt au-dessus du vignoble de Chignin dans la montagne de Montgelas avant de revenir par une petite route dans le bassin de La Thuile afin d’en percevoir l’aspect discret et secret.

Une balade à faire à l’automne ou au printemps pour profiter des écarts de décor entre votre sentier et les pentes enneigées des montagnes du massif de Belledonne ou de la Chartreuse.

Les balcons des Bauges vers le lac du Bourget

Ce second parcours permet de découvrir la richesse de la flore et des paysages des Bauges. C’est une randonnée qui peut très bien se faire aussi en hiver en raquettes pour profiter d’un dépaysement encore plus marqué.

Le point de départ est le foyer de ski de fond de Saint François de Sales, dans la descente du col de Plainpalais entre Les Déserts et Lescheraines. Le randonneur découvre immédiatement le silence de la forêt, dès la combe des Gorets et jusqu’au vaste espace aéré occupé par la tourbière des Creusates. En hiver, la présence d’une forte humidité crée souvent une fine pellicule de brume au sol qui rend les lieux mystérieux.

Que faire dans les Bauges en hiver ? — Journée de grand froid dans les Bauges

L’altitude reste élevée depuis le départ, autour de 1300 mètres, ce qui rend les crêtes environnantes assez basses et aplaties. On contourne la plaine des Creusates en direction de la Croix des Bergers au sommet du Molard à 1371 point dominant de ce vaste plateau. En chemin, quelques trouées permettent d’apercevoir le lac du Bourget et le Mont Blanc se dessine au-dessus des sommets orientaux des Bauges. En redescendant le monticule, on reprend le chemin en direction des Chalets Gralette, perdus dans la nature, ensuite le village Tipi avec ses tentes inattendues. Le sentier dans la forêt longe les pistes de ski de fond du foyer de Crolles-Revard avant justement d’atteindre les pieds de la station du Revard. Au sommet, des plateformes suspendues dominent le lac du Bourget. A une altitude de 1540 mètres, il n’est pas rare d’admirer une mer de nuages en hiver. On a l’impression de voler au-dessus du paysage. En revanche, lorsqu’on aperçoit le lac en contrebas, la vue est saisissante. La ligne des montagnes, en face, remonte vers le nord jusqu’au Jura. Le coucher de soleil, dégagé, est phénoménal depuis Le Revard. En se retournant à 180 degrés, les glaces du massif du Mont Blanc apparaissent au loin au-dessus d’un océan de sapins et autres conifères.

On continue à profiter de cette vue en suivant la ligne de crête vers le nord au niveau de la Tour de l’Angle-Est et de la Tour des Ebats, au sommet de la station de ski.

Le retour vers la plaine des Creusates peut se faire par le même chemin qu’à l’aller ou en prolongeant par les chalets de La Clusaz et Le Golliat, mais attention, on descend d’abord pour remonter ensuite.

C’est l’immensité du paysage des Bauges qui est ici proposée dans cette randonnée.

La Pointe de la Galoppaz

Voici un itinéraire plus sportif avec, au bout, le plaisir de se retrouver au sommet d’un montagne au profil élancé. La Pointe de la Galoppaz est visible depuis Chambéry. C’est donc une destination classique des habitants de la capitale historique de la Savoie.

Pour y accéder, le mieux est de s’arrêter au petit parking juste avant le Col des Prés (1100 mètres) qui relie les balcons de Thoiry à Aillon, au pied du Margeriaz. La Pointe de la Galoppaz se situant à 1680 mètres d’altitude, c’est un dénivelé de presque 600 mètres qu’il va falloir avaler ! Important à savoir avant de commencer, car le début, dans la forêt est assez éprouvant. Le chemin part depuis la route à proximité du Chalet du Fournet et de sa petite cascade et grimpe par des lacets serrés dans la forêt. Par une forte pente, et environ une heure de montée on atteint vite un col à 1500 mètres d’altitude. Le paysage se dévoile alors et tout le long de la crête passant par le Col de la Buffaz (1436 m) on profite des vues dégagées vers le Sud et l’Est en direction de la Lauzière et des premiers sommets de la Maurienne.

Belles randos dans les Bauges — Paysage des Bauges depuis la pointe de la Galoppaz

Ensuite, une deuxième étape en forte montée se profile pour avaler les deux-cents derniers mètres de dénivelé. Cette partie étant entièrement dégagée de toute forêt, on en prend plein la vue. Le panorama se développe à 360 degrés et embrasse les sommets emblématiques des Bauges, les massifs de Belledonne, de la Lauzière, du Mont Blanc d’un côté et de la Chartreuse jusqu’au premiers contreforts du Jura de l’autre. Sur les pentes, les troupeaux de vaches se prélassent d’une herbe bien grasse souvent arrosée par les pluies océaniques.

La descente se fait en poursuivant le chemin, en redescendant vers le sud vers la Grange de Chenaillon et en remontant ensuite par le Col Servenne (1292 m) le long du GR du Pays du massif des Bauges entre forêt et prairies.

La montée à la Pointe de la Galoppaz est une randonnée plus sportive que les autres mais qui donne l’impression aux moins férus d’avoir réellement atteint un sommet.

Le Vallon de Bellevaux

Cet itinéraire est tout le contraire du précédent. On n’atteint aucun sommet, on reste au fond d’une vallée. C’est un itinéraire contemplatif et méditatif, dont le but, justement est une magnifique chapelle construite au niveau d’une source. Mystique.

Nous sommes au nord-est du massif des Bauges, là où les sommets sont les plus hauts et les vallées plus profondes. Le point de départ est le village de Jarsy, ravissante bourgade ensoleillée à 850 mètres d’altitude, située sous un plateau, ou Ecole, petit village de fond de vallée, un peu plus bas à 732 mètres dans la vallée du Chéran.

Justement, le parcours remonte le Chéran au pied du Mont Pécloz (2192 mètres). La chapelle de la Lézine constitue une première halte sur le chemin. Les sommets encadrent à la perfection ce petit bâtiment religieux très photogénique. Le parcours se déroule ensuite dans la forêt ou en limite de celle-ci au-dessus de l’entaille profonde au fond de laquelle coule, impétueux, le Chéran, longue rivière qui après avoir quitté les Bauges retrouve le Fier, au niveau de Rumilly pour en alimenter les eaux qui traversent les célèbres gorges avant de se fondre dans les eaux du Rhône. Au niveau du Pont du Carlet, les plus sportifs continueront à flanc de montagne sur le GRP du Massif des Bauges jusqu’au gué du Pont de l’Etang alors que les autres pourront continuer sur la route dans cette même direction. Le paysage reste caché par la forêt profonde et de temps en temps, on aperçoit un sommet qui se dégage comme celui du Mont de la Coche ou le Pécloz. Le gué du Pont de l’Etang se trouve dans un vaste replat dégagé encercle de hautes montagnes. Près de mille mètres de dénivelés donnent au lieu un aspect très sauvage. Pour beaucoup, c’est le point de départ de nombreuses randonnées dans ce coin des Bauges : tour du Mont Pécloz, Grand Roc, Chaurionde, Arcalod… De la vraie randonnée en montagne.

Au coeur des vallées dans les Bauges — Oratoire de Bellevaux dans les Bauges

Dans le cadre de cet itinéraire, on se contentera de revenir sur ses pas jusqu’au parking de la Cariat afin de remonter le vallon du ruisseau de la Lanche. Après une courte montée on se retrouve à un croisement dans une belle clairière occupée par une chapelle (un oratoire plus précisément) et quelques ruines d’un ancien prieuré. Le chemin continue encore sur un petit dénivelé avant de faire apparaître une imposante chapelle : Notre Dame de Bellevaux. Une belle fontaine agrémente un espace aménagé devant la chapelle. A l’intérieure de la petite église coule le ruisseau et une ouverture creusée dans la roche sert de font baptismal. On sent dans cet environnement toute la force spirituelle des anciens tournant autour de l’eau et de la foi. Le silence est assourdissant. Le lieu se prête parfaitement à un instant de repos intérieur.

La randonnée se termine par un retour au point de départ par un chemin qui redescend jusqu’au Carlet au bord du Chéran avant de poursuivre vers Ecole ou remonter vers Jarsy.

Les crêtes du Semnoz

Par sa position tout au nord du massif des Bauges, sa singularité dans le paysage d’Annecy et son éloignement des vallées centrales baujues on oublie presque que le Semnoz fait partie intégrante de la géographie du massif des Bauges.

C’est surtout la montagne des Annéciens. Leur escapade d’oxygène. Son point culminant, le crêt de Châtillon à 1702 mètres d’altitude constitue aussi le sommet d’une petite station de ski qui domine les grandes plaines de l’Albanais d’un côté et la vallée de Leschaux de l’autre. Le lac d’Annecy et ses eaux bleues apparaissent par des trouées au fil des randonnées juste en-dessous du sommet du Mont Blanc qui domine le paysage bien que se trouvant à plusieurs dizaines de kilomètres.

Vaste paysage, battu par les vents. Des parapentistes jouent avec ce vent été comme hiver. Pendant la saison froide, les balades en raquettes prennent un aspect très nordique dans le climat rigoureux des crêtes et l’enneigement des combes ensoleillées bordées de forêt permet de belles haltes dépaysantes. Des fermes ponctuent le paysage. Lieu de retrouvailles des bêtes à la belle saison et fantômes dépassant de la couche de neige en hiver.

Que voit-on depuis le Semnoz? — Rendu artistique depuis le Semnoz

Sans inciter forcément le randonneur à partir d’Annecy (c’est possible mais très très long), le mieux est de se démarrer la randonnée au parking du Crêt de Châtillon. Ensuite, il faudra poursuivre jusqu’à la table d’orientation, sur le sommet du Semnoz avant de se laisser redescendre en direction des chalets de Leschaux et des chalets de Gruffy sur un petit plateau en faible pente d’une altitude comprise entre 1550 mètres et 1650 mètres. En hiver, en raquettes, on s’amusera à quadriller les espaces, en toute liberté. En été, les sentiers qui mènes aux fermes d’alpage permettent de sillonner le coin en altitude dans le respect du pastoralisme. Mais dans tous les cas, au Semnoz, c’est le paysage qui constitue l’attrait de la balade. Alors profitez-en pour en prendre plein les yeux.

Ces cinq balades faciles ne constituent pas une véritable traversée des Bauges ou une découverte approfondie de la montagne. Au contraire, elles représentent une introduction, une porte ouverte vers un univers sauvage et préservé dans lequel il faut revenir avec un esprit plus aventurier. Conquérir les cimes des Bauges, c’est vivre des mini-aventures hors du temps, loin de la foule et en plein air. Ces cinq balades faciles au cœur des Bauges permettent seulement d’apercevoir la diversité des paysages, profiter de beaux panoramas, traverser des forêts et longer des sentiers en crête pour apprécier les activités à la montagne, été comme hiver.

A bientôt dans les Bauges.

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